21.04.02

 

Le besoin de cette pièce vient de la soirée du premier tour des élections présidentielles. Ma réponse d'artiste à ce moment particulier. A l'annonce des résultats, une multitude d'émotions monta en moi : où je vivais, ce que j'avais fait jusque-là, et surtout ce que je n'avais pas fait, comment j'étais responsable moi aussi de ce résultat... Un point de cassure irrémédiable. Un de ces rares instants où l'on vit vraiment l'Histoire. Et malheureusement, l'Histoire dans toute sa noirceur. Ce soir-là fut aussi pour des amis chers le moment choisi pour une soirée de surprise pour mon anniversaire. Le gâteau eut un goût amer. Collusions intime et public, petites choses de la vie privée et l'histoire en marche... Cette installation tente de répondre à ces instants-là Ma réponse à une crise existentielle profonde qui est alors apparue : comment répondre encore, comment lutter, comment exister comme artiste aujourd'hui, comment (simplement)
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Cette installation travaille autour de l'idée de l'agression et de sa traduction visuelle et auditive. Les spectateurs sont plongés dans le noir complet seulement entrecoupé par les images furtives des différents écrans. Trois films sont diffusés en même temps et en boucles, deux par vidéo projection et un par moniteur. Ces séquences du premier sont des successions très rapides d'images regroupées par thèmes. Toutes ces images proviennent de mes affaires personnelles (photos, catalogues, livres, revues...) Le deuxième film traite de l'accidentel. Il est lui aussi composé de séquences noires et silencieuses mais cette fois-ci entrecoupées de « drops » visuels, de flashes colorés et de phrases défilant très rapidement. Ces phrases sont tirées de la presse quotidienne datant de ces élections. Ce sont des paroles des « gens de la rue », des politiques, des phrases du programme de Le Pen.

 

Simone Dompeyre
Traverse vidéo, 2003